Face au développement rapide des panneaux publicitaires numériques et à une demande croissante des acteurs du secteur, l’ADEME a actualisé son étude de 2020 pour évaluer l’impact environnemental de ces dispositifs publicitaires. Intégrant désormais la technologie LED, cette nouvelle analyse éclaire les enjeux liés à leur usage en France et propose des pistes concrètes pour allier innovation et responsabilité écologique. L’étude confirme que la fabrication et l’utilisation des écrans numériques concentrent l’essentiel de leur impact environnemental et en précise les proportions. Ces impacts sont donc amplifiés par la taille de l’écran et leur durée d’usage.
Publicité numérique : un parc en mutation et des solutions pour réduire son impact
L’étude révèle qu’environ 300 000 écrans numériques sont en activité en France, bien que seulement 15 000 relèvent strictement de la définition légale de la publicité, les autres étant considérés comme des enseignes, même si elles aussi peuvent diffuser de la publicité en plus des messages à caractère culturel ou d’intérêt public. Ces écrans se répartissent entre 1 650 écrans LED, principalement installés en extérieur pour leur forte luminosité, et 13 350 écrans LCD, privilégiés en intérieur pour leur qualité d’image plus précise.
Cependant, l’évolution de ce parc reste incertaine. Entre les innovations techniques et un cadre réglementaire en mutation – comme les interdictions imposées dans certaines villes telles que Grenoble ou Lyon via leur RLP, «Règlement Local de Publicité» – les projections sur le développement futur des écrans numériques demeurent difficiles à établir.
Des impacts environnementaux concentrés sur la fabrication et l’usage
Aujourd’hui, les 15 000 écrans publicitaires installés en régie à travers le pays ont un impact environnemental significatif. Leur utilisation annuelle équivaut à l’empreinte carbone de 1 200 Français, la consommation en ressources minérales de 32 000 personnes, soit la population d’une ville comme Lens, ainsi que la consommation électrique de près de 3 500 logements.
L’étude révèle que la fabrication des écrans numériques représente entre 48% (usage de l’eau) et 76% (ressources minérales) de l’impact, selon les indicateurs évalués. La phase d’utilisation oscille entre 67% et 93% sur les indicateurs liés à l’énergie et entre 16% et 38% sur les autres indicateurs. Ce sont les principales étapes contribuant à l’impact environnemental des écrans. À cela s’ajoutent des impacts indirects, tels que la génération systématique de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), inévitables dans l’usage des technologies numériques.
Aussi, les usages varient selon la technologie employée. Les écrans LED, grâce à leur forte luminosité, sont particulièrement adaptés aux espaces extérieurs où ils occupent souvent de grandes surfaces. Toutefois, cette technologie propose une qualité d’image moindre. À l’inverse, les écrans LCD, privilégiés en intérieur, offrent une définition plus précise, nécessaire à l’affichage d’informations détaillées sur des formats plus réduits. Il n’est donc pas pertinent de recommander une technologie plutôt qu’une autre : c’est bien l’usage qui dicte le choix de la technologie d’écran.
La taille de l’écran joue également un rôle clé dans leur impact environnemental avec une augmentation proportionnelle pour la technologie LCD, mais non linéaire pour la technologie LED : en multipliant la taille de l’écran par 7 (80 pouces à 209 pouces) on multiplie par 5 son impact environnemental sur le cycle de vie complet. Le choix de la taille d’un écran est donc déterminant dans la réduction des impacts environnementaux de ces équipements. En extérieur, la présence d’un totem – un habillage de protection spécifique – peut accroître l’impact en termes de matières premières, mais contribue à allonger la durée de vie des écrans, rendant cet ajout bénéfique sur le long terme. En effet, en doublant la durée de vie d’un écran (LED ou LCD), on réduit de 30 à 40% son impact réparti sur son cycle de vie complet.
Enfin, l’étude rappelle que les déchets générés tout au long du cycle de vie des écrans sont une problématique majeure. Une gestion rigoureuse de la fin de vie des équipements est indispensable pour limiter leur empreinte environnementale globale.
Face à ces constats, l’ADEME propose des mesures concrètes pour réduire leur impact environnemental. Parmi elles :
- Éteindre les écrans la nuit quand il y a peu de vue sur l’écran ou lorsque, au contraire, la luminosité extérieure est trop forte pour distinguer le contenu. Dans tous les cas, adapter la luminosité de l’écran à la luminosité ambiante
- Choisir la taille de l’écran adéquate selon le lieu et le public visé. Un écran de 80 pouces aura deux fois moins d’impact qu’un écran de 120 pouces.
- Favoriser l’intensité d’usage : utiliser moins de panneaux mais positionner les écrans de manière stratégique pour qu’ils touchent un maximum de personnes et ainsi diminuer le nombre d’écrans totaux.
Source : ADEME – Communiqué de presse, publié le 05 juin 2025
Pour en savoir plus : Analyse portant sur les écrans publicitaires numériques en France, mis en ligne le 10 juin 2025