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L’eau que vous buvez est peut-être contaminée par un pesticide interdit

C’est un rapport véritable alarmant. Selon les résultats de la dernière campagne de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publiés ce jeudi 6 avril, une partie de l’eau du robinet est contaminée par des résidus de pesticides, et ce même des années après leur utilisation.

L’eau du robinet contaminée par des résidus d’un pesticide interdit depuis 2020

Pour mener cette étude, l’Anses a cherché 157 pesticides et métabolites de pesticides, dans des prélèvements effectués entre 2020 et 2022 un peu partout en France et aussi en outre-mer. Au total, 89 ont été trouvés au moins une fois en eau brute et 77 en eau traitée, indique l’organisme dans son rapport. Et pire : 7 pesticides analysés dépassent la limite de qualité fixée.

Parmi eux, un composé se dégage particulièrement : le chlorothalonil R471811. Il s’agit d’un fongicide, interdit depuis 2020, qui a été retrouvé dans plus de la moitié des prélèvements, rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Il a longtemps été utilisé dans les cultures et dépasse la limite de qualité autorisée dans 34 % des échantillons.

Par ailleurs, un autre métabolite de pesticide a été retrouvé dans plus de 50 % des tests : le métolachlore ESA. Il s’agit d’un résidu du S-métolachlore, une substance qui entre dans la composition de certains herbicides. Dans un avis de janvier 2023, l’Anses écrivait que ce métabolite ne remplissait pas les conditions « permettant de conclure qu’il est non-préoccupant ». « Une évaluation est donc requis », ajoutait-elle. Toutefois, le métolachlore ESA dépasse la valeur indicative dans 5 échantillons (soit 1,7 % des tests).

Bon à savoir : aucun dépassement de valeurs sanitaires maximales n’a été observé.

Une partie des eaux contaminées aux résidus d’explosifs et au 1,4-dioxane

Dans son étude, l’Anses a également recherché des résidus d’explosifs. Sur les 54 molécules étudiées, 18 ont été quantifiées ont moins une fois. Des métabolites du TNT, 2,4-DNT et 2,6-DNT, en lien avec la Première Guerre mondiale ont par exemple été retrouvés ainsi que le RDX ou HMX qui concerne plutôt des usages industriels.

Enfin, cette campagne met aussi en avant une contamination au 1,4-dioxane dans 8 % des échantillons. Pour rappel, ce solvant est classé cancérigène chez le rat selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) et est fortement suspecté d’être cancérigène chez l’être humain. Cependant, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a fixé un critère de qualité à 50 µg/L, alors que le paramètre défini par l’Anses était de 0,15 µg/L. Et lors des tests, la quantité maximum observée a été de 2,85 µg/L, précise l’Agence.

Quelles sont les régions les plus contaminées ?

Tous les territoires, à l’exception de la Corse et de l’outre-mer, présentent des traces de pesticides et de métabolites de pesticides dans plus de 60 % des échantillons. Les régions les plus contaminées étant la Bretagne et les Hauts-de-France : toutes les analyses effectuées contiennent la présence d’au moins un métabolite ou un pesticide.

De même, toutes les régions, à part la Corse, les Pays de la Loire et l’outre-mer (à l’exception de la Guyane) présentent des traces de résidus d’explosif dans leur eau. Enfin, concernant le 1,4-dioxane, 9 régions sont contaminées : les Hauts-de-France, l’Île-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est, les Pays de Loire, le Centre-Val de Loire, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie. C’est en Occitanie que l’on trouve la concentration la plus élevée de 2,85 µg/L.

Il n’y a pas de « risque sanitaire » selon le gouvernement

Alors, faut-il continuer à boire l’eau du robinet ? Dans un communiqué paru ce vendredi 7 avril, le ministère de la Transition écologique rappelle que si les eaux analysées sont « non conformes », elles ne présentent pas de « risque sanitaire ». Ce rapport invite les « acteurs à se préparer à la sortie de l’usage des pesticides », ajoute le ministère.

De son côté, l’Anses estime que ces travaux devraient « permettre de faire évoluer la liste des molécules » à intégrer dans les contrôles sanitaires des eaux.

Source : DemarchesAdministratives.fr, publié le 07 avril 2023

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