Pandémie, catastrophe naturelle, conflit armé… En période de crise, la Banque centrale européenne (BCE) recommande aux citoyens de garder de l’argent liquide sur eux. C’est la conclusion principale qui ressort de l’analyse de quatre crises récentes.
Malgré le projet d’un euro numérique, la Banque centrale européenne (BCE) continue à poursuivre sa stratégie sur le « cash« . Dans une étude publiée en septembre 2025 et intitulée « Restez calmes et gardez de l’argent liquide », la BCE cherche notamment à mieux comprendre « le paradoxe de l’argent liquide » à savoir, pourquoi la demande pour les espèces s’accroît-elle quand, en même temps, les paiements numériques n’arrêtent pas de gagner du terrain ?
La valeur des billets en % du PIB stable depuis 2015
La place de l’argent liquide se rétrécit :
- la part des espèces dans les paiements aux points de vente a perdu 25 points sur dix ans et ne couvre en 2024 plus que 43% du nombre total de transactions ;
- le nombre de sites équipés d’au moins un distributeur automatique de billets (DAB) recule (-1,9% en 2024 par rapport à l’année précédente, contre -3,9% en 2023). En termes de communes équipées d’au moins un DAB, ce nombre reste stable à environ 6 500 ;
- la BCE envisage de créer un euro numérique qui serait une forme numérique d’espèces, émise par la banque centrale et accessible à tous dans la zone euro.
En même temps, la demande globale pour les espèces est très robuste et s’accroît même sur le long terme : la valeur des billets en circulation a presque triplé entre 2005 et 2024 et sa part dans le PIB a augmenté sur vingt ans.
Une réserve d’espèces pour tenir 72 heures en cas de crise
En mars 2025, la Commission européenne a recommandé aux citoyens de stocker de l’eau, de la nourriture, des médicaments et de l’argent liquide afin de mieux survivre au moins trois jours en cas de crise aiguë au sein de l’Union européenne (UE). La note de la BCE cite par ailleurs des pays membres de la zone euro qui recommandent de prévoir entre 70 et 100 euros par personne.
Pour mieux comprendre le paradoxe de l’argent liquide, la BCE s’est penchée sur le rapport des citoyens à l’argent liquide pendant quatre crises récentes :
- la crise de la dette souveraine en Grèce en 2008 ;
- la pandémie de Covid-19 en 2020 ;
- l’attaque de l’Ukraine par la Russie en 2022 ;
- la panne d’électricité en 2025 en Espagne.
Pendant toutes ces périodes de grand stress, le public s’est tourné vers la monnaie physique pour son rôle de réserve de valeur et de moyen de paiement.
Lors de la crise du Covid-19 par exemple, l’émission nette cumulée de billets a crû de 140 milliards d’euros soit 85 milliards d’euros de plus par rapport à une année « normale » (55 milliards d’euros) et ceci malgré la crainte de contagion via les pièces et billets. Une autre fonction de la monnaie, celle de la réserve de valeur, a été particulièrement appréciée. Quant à la panne d’électricité géante en Espagne, à la guerre en Ukraine ou à la crise grecque, elles montrent à quel point la fonction de moyen de transaction physique est appréciée.
Stabilité, résilience, confiance… les avantages de l’argent liquide
En cas de crise, l’argent liquide remplit un rôle au-delà de ses fonctions traditionnelles : il devient une sorte d’assurance et protection contre les effets d’une instabilité majeure. La BCE note qu’outre cette fonction, les bénéfices sociaux attribuables aux espèces vont probablement plus loin car ils « peuvent constituer un contrepoids à la concentration des pouvoirs dans les systèmes de paiements, renforcer la concurrence et permettre des transactions non enregistrées ».
« Ces résultats confirment la reconnaissance croissante, parmi les autorités, du fait que l’argent liquide constitue un élément essentiel de la préparation nationale aux crises ». La BCE recommande aux pays de la zone euro de renforcer les efforts pour garantir la sécurité de leurs infrastructures de paiements et une offre robuste et efficiente d’argent liquide.
Source : Vie publique, publié le 01 octobre 2025
Pour en savoir plus : Euro numérique : de quoi s’agit-il ? – Vie publique, modifié le 23 avril 2025
