Les femmes, les personnes handicapées, les personnes d’origine étrangère ou encore les personnes en difficultés économiques sont l’objet de discriminations dans l’accès aux soins et le parcours de soins, selon un rapport de la Défenseure des droits du 6 mai 2025.
Douleurs minimisées, refus de prise en charge, actes non consentis : les femmes, les personnes d’origine étrangère ou en situation de handicap sont l’objet de discriminations dans leur accès aux soins et leur parcours médical, selon un rapport de la Défenseure des droits publié le 6 mai 2025. Certes, en 2022, 224 plaintes ont été déposées devant les ordres professionnels et l’Assurance maladie et 31 réclamations ont été envoyées à la Défenseure, mais l’ampleur des discriminations dépasse « largement » ces chiffres estime le rapport.
Le rapport précise que les discriminations dans les soins reposent à la fois sur :
- des « préjugés et stéréotypes qui influencent les pratiques professionnelles et ce malgré un cadre déontologique fort » ;
- des logiques d’organisation du système de soins qui s’ajoutent à un système de soins déjà en crise (engorgement des services d’urgences, crise de l’hôpital public, temps d’attente accru pour obtenir un rendez-vous médical, dégradation de l’offre de soins, pénurie de personnel soignant…).
Du refus de soins aux atteintes au consentement : des discriminations systémiques
Les actes discriminatoires se produisent dans des lieux de soins variés (services d’urgence, consultation en cabinet, en centre de santé ou à hôpital public ou privé) et concernent toutes les professions médicales et paramédicales (médecins généralistes, spécialistes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, secrétariat médical…).
Refus de rendez-vous, impossibilité de prendre un rendez-vous sur les plateformes, réorientation abusive… certains patients ne sont pas reçus en consultation, notamment les bénéficiaires d’aides médicales (couverture maladie universelle complémentaire, aide médicale d’État). Du « manque de temps ou de formation » aux « locaux inaccessibles ou à un matériel médical inadapté« , les motifs de refus avancés par les professionnels concernent aussi les personnes en situation de handicap.
La Défenseure des droits pointe par ailleurs des « atteintes fréquentes » au consentement (suivi gynécologique avec examens et soins psychiatriques en particulier).
La Défenseure des droits dénonce « une sous-évaluation » de la douleur et « de la gravité des symptômes exprimés par les femmes, notamment lorsqu’elles sont jeunes, d’origine étrangère ou perçues comme telles« . Selon le rapport, « la douleur de la patiente est soit minimisée, soit remise en cause et renvoyée à une supposée anxiété ou à une souffrance psychologique dissimulée« . Le document évoque à cet égard le « syndrome méditerranéen« , c’est-à-dire un « préjugé raciste -sans fondement médical – selon lequel les personnes d’origine nord-africaine ou noire exagèrent leurs symptômes ou douleurs« .
Les personnes sans domicile fixe ou les consommateurs de drogues peuvent aussi ne pas être acceptés aux urgences en « raison de leur apparence physique, de leur odeur corporelle ou au motif de l’alcoolisation« , précise le rapport.
Des pistes pour agir contre les discriminations d’accès aux soins
Les discriminations d’accès aux soins et au cours du parcours de soins ont des conséquences « délétères immédiates et durables sur le parcours de soins des patients« , qui reportent ou renoncent finalement aux soins. Le retard ou l’absence de prise en charge conduit à une dégradation de l’état de santé, qui peut parfois être fatale.
La Défenseure des droits propose plusieurs axes d’action, notamment :
- élaborer une stratégie nationale de prévention et de lutte contre les discriminations dans les soins ;
- renforcer la prévention, notamment par la formation des professionnels de santé, à la lutte contre les stéréotypes ;
- faciliter le dépôt de plainte devant les ordres professionnels et l’Assurance maladie, appliquer des sanctions effectives, proportionnées et dissuasives ;
- adapter le système de santé aux besoins des patients et des lieux de soins pour permettre un accès aux personnes handicapées.
Source : Vie publique, publié le 07 mai 2025