Avec la validation de la Commission européenne, l’éco-score environnemental textile français lève l’une des dernières barrières avant son déploiement officiel durant l’été. Bien que le dispositif ne soit pas obligatoire, il est accompagné de mesures contraignantes qui pourraient pousser les entreprises à s’en emparer.
C’est acté. Dans le courant de l’été, l’affichage environnemental dédié à l’habillement sera déployé en France. Jeudi 15 mai, la Commission européenne a accordé son feu vert à ce nouveau dispositif qui permettra aux consommateurs de connaître le coût écologique des vêtements qu’ils achètent. « Un tournant réglementaire majeur pour le secteur textile et une opportunité unique de transformation », s’est félicitée dans un communiqué Clear Fashion, entreprise engagée pour la transparence des marques de mode.
Concrètement, un score allant de zéro à l’infini sera associé à chaque produit. Et plus la note est haute, plus l’impact est important, comme le montre Clear Fashion qui a comparé les éco-scores de plusieurs vêtements, issus de la mode rapide et de filières plus durables. Un jean produit en France par la marque 1083 obtient par exemple une note de 1 125, contre 4 435 pour un jean moyen fabriqué par une entreprise de fast-fashion. Un t-shirt en coton bio Petit Bateau décroche un score de 443 tandis que son équivalent en matière conventionnelle atteint les 1 005 points d’impact.

Mise en place volontaire
Pour arriver à ce résultat, l’éco-score textile, aussi appelé Ecobalyse, se fonde en partie sur le Product Environmental Footprint (PEF), la méthodologie choisie au niveau européen, à laquelle s’ajoute l’analyse de la durabilité extrinsèque du vêtement liée aux pratiques des marques. Sont ainsi pris en compte les émissions de gaz à effet de serre, les atteintes à la biodiversité, les rejets de microplastiques, le nombre de références commercialisées, les matières utilisées ou encore les incitations à la réparation.
« On est plutôt satisfaits de la mise en place mais aussi (…) que ce ne soit pas obligatoire. En ce moment, le business est compliqué pour tout le monde et il ne faut pas en rajouter », estime de son côté Olivier Ducatillon, président de l’Union des industries textiles au micro de France Inter. Si l’indicateur est en effet pour l’instant instauré sur la base du volontariat, deux mesures contraignantes pourraient malgré tout pousser les marques à s’en emparer. La première impose aux entreprises qui affichent d’ores et déjà l’empreinte carbone de leurs produits à y adjoindre l’affichage environnemental textile afin de limiter les tentatives de greenwashing.
La seconde prévoit la possibilité pour la société civile de générer elle-même des éco-scores par défaut, dans le cas où les marques n’auraient pas participé au dispositif au bout d’un an. Les entreprises ont d’ailleurs tout intérêt à adopter dès maintenant l’affichage de l’Ecobalyse. L’indicateur pourrait en effet être un élément central de la mise en application de la loi visant à réguler la mode rapide, dont l’examen au Sénat débutera le 2 juin prochain.
« Une réponse forte à l’ultra fast-fashion »
Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, voit ainsi dans l’éco-score « une réponse forte à l’ultra fast-fashion, souvent produite dans des conditions bien moins exigeantes qu’en France ou en Europe » et un « outil essentiel » permettant de « protéger consommateurs, emplois et savoir-faire ». Un levier supplémentaire qui vient compléter l’offensive contre les géants du e-commerce chinois menée par la France et l’Europe, alors que les enseignes françaises traversent une véritable crise. Une dernière étape attend néanmoins l’Ecobalyse qui devra être validé par le Conseil d’Etat. Une fois cette barrière levée, elle pourra entrer en vigueur « dès le second semestre » indique le ministère.
Au niveau européen, la Commission a finalement décidé de ne pas rendre accessible au public l’affichage environnemental sur lequel elle travaillait : il sera finalement limité à « un cadre BtoB », note le média Fashion Network. La méthodologie PEF utilisée fait par ailleurs l’objet de vives contestations. Début mai, plusieurs associations ont lancé une pétition, ayant recueilli à ce jour près de 98 000 signatures et appelant l’Europe à s’inspirer de l’éco-score textile français. Elles demandent également à rendre cet affichage obligatoire afin de limiter la surproduction de vêtements et la pression exercée sur l’environnement par les marques de fast-fashion. A l’échelle de la planète, la filière textile est à l’origine de 8% des émissions de gaz à effet de serre et est responsable de 20% de la pollution de l’eau potable. ■
Source : Novethik, publié le 15 mai 2025
Pour en savoir plus :
- Affichage environnemental sur les vêtements – Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, publié le 28 mars 2024, mis à jour le 02 juillet 2025
- Affichage environnemental – Ecolabelling – ADEME