Confrontés au déclin du commerce de proximité, avec un taux de vacance commerciale passé à 14% en 2024 (contre 6% en 2010), les centres-villes semblent connaître un certain essoufflement. Face à ce constat, un récent rapport remis au gouvernement propose une série de mesures pour soutenir la redynamisation commerciale de ces zones centrales.
Remis le 5 novembre 2025 au gouvernement, le rapport sur l’avenir du commerce de proximité dresse le constat d’un changement des habitudes et des modes de consommation des Français. Selon le rapport, il ne s’agit pas d’un secteur en fin de vie mais plutôt d’un secteur en pleine mutation.
De nombreux signaux d’alertes
Si, dans un premier temps, les commerces de proximité semblent résister, avec 25% d’emplois créés entre 2006 et 2022, le rapport précise que de nombreux éléments pèsent sur la survie des petits commerces dans les centres-villes et les quartiers prioritaires :
- avec les crises successives, les ménages dépensent moins : en 2024, la consommation a reculé de 0,4%, tandis que le taux d’épargne est passé de 14% en 2019 à 19% en 2025 ;
- le e-commerce a fortement augmenté, passant de 65 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 à 175,3 milliards en 2024. Des plateformes à bas prix comme Shein ou Temu séduisent particulièrement les foyers les plus modestes, attirés par les prix bas ;
- en raison de l’augmentation des défaillances des entreprises, le taux de vacance commerciale est passé à 14% pour les commerces de centre-ville en 2024. Un chiffre qui a doublé en quinze ans ;

- moins il y a de commerces en centre-ville, moins les habitants s’y rendent, favorisant les grandes surfaces en périphérie. Aujourd’hui, 67% des commerces de détail se situent en périphérie, accentuant ce déséquilibre ;

- le déclin du prêt-à-porter, a entraîné la perte de 50 000 emplois en dix ans, tandis que la restauration est devenue le premier secteur employeur du commerce, avec la création de 100 000 emplois entre 2019 et 2024, ce qui redéfinit la vision du centre-ville ;
- le développement de locations saisonnières, comme Airbnb, réduit le nombre de résidents permanents fréquentant ces commerces de proximité ;
- la situation est assez critique dans les quartiers prioritaires, ces 1 609 quartiers, souffrent de « carences structurelles » au niveau des commerces dits de première nécessité, notamment les services de santé et bancaires ;
- d’après le rapport, près d’un quart des français notamment en grande agglomération (31%) se rendent moins en centre-ville en raison de l’insécurité et des incivilités ;
- le centre ville est aussi jugé, pour certains, difficile d’accès notamment pour se garer en voiture, là où les centre commerciaux sont plus adaptés avec toujours plus de choix et de meilleurs prix, précise le rapport.
Vers une nouvelle vision du centre-ville
Concurrencé par le e-commerce et les zones périphériques, le rapport précise que le centre-ville doit repenser son rôle pour s’adapter aux nouveaux usages. 64% des Français et jusqu’à 74% des 25-34 ans se disent attachés à leur centre-ville. Ils aspirent à des espaces agréables et animés, propices à la rencontre et à la convivialité, où culture, loisirs et événements renforcent le lien social et la fierté d’appartenance.
Il ne s’agit plus d’un simple lieu d’achat mais plutôt d’un espace de déambulation, un véritable lieu de vie. Son attractivité repose sur la capacité à retenir, surprendre et fidéliser le visiteur, en faisant du commerce une expérience : boutiques de créateurs, artisans ou microcinémas.
Quels axes pour mieux soutenir le commerce de proximité en centre-ville ?
Face à ce constat, le rapport propose 30 recommandations, organisées autour de cinq axes :
- lutter contre la concurrence déloyale en instaurant notamment une taxe minimale de deux euros par article sur les achats numériques importés ;
- déployer des moyens supplémentaires contre l’économie souterraine en renforçant les contrôles sur les activités informelles, en vérifiant la notoriété des commerçants avant la création d’entreprises, et en améliorant la sécurité dans les zones commerciales ;
- renforcer les pouvoirs des élus locaux enprolongeant les programmes Action Cœur de Ville et Petites Villes de Demain au-delà de 2026 ;
- soutenir le commerce et l’économie sociale dans les quartiers prioritaires (QPV), en soutenant les dispositifs dédiés à l’économie sociale ;
- dynamiser les outils immobiliers et fonciers pour faciliter l’implantation et la pérennité des commerces : le rapport propose d’adapter l’usage des locaux commerciaux obsolètes et de mieux maîtriser les loyers et leurs charges.
Source : Vie publique, publié le 14 novembre 2025
Pour en savoir plus : Commerce de proximité : le bilan mitigé de la politique de l’État – Vie publique, publié le 06 octobre 2023
