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La fin du timbre rouge de La Poste en cinq questions

A partir du 1er janvier, La Poste ne vendra plus ses célèbres timbres rouges destinés à faire parvenir les lettres prioritaires en une journée, qui seront remplacées par un service numérique. Une réforme aux motivations économiques et environnementales qui soulève de nombreuses critiques.

C’est la fin d’une icône. A partir du 1er janvier 2023, La Poste va cesser de vendre ses célèbres timbres rouges destinés à l’envoi de lettres prioritaires. Ils seront remplacés par une version dématérialisée nommée « e-Lettre rouge ». Une petite révolution postale qui soulève quelques questions.

Comment fonctionne le nouveau service ?

Pour envoyer un courrier prioritaire, il faudra désormais rédiger soi-même son courrier sur le site internet de la Poste ou depuis un bureau de poste. Le document sera alors envoyé dans un centre postal à proximité du destinataire, où il sera imprimé, mis sous pli et distribué le lendemain s’il a été envoyé avant 20 heures. Le service coûtera 1,49 euro, contre 1,43 euro pour le timbre rouge actuel.

Pourquoi La Poste met fin au timbre rouge ?

La première motivation de cet arrêt est écologique, selon La Poste. Pour garantir l’arrivée de ces courriers prioritaires le lendemain de leur affranchissement, l’entreprise doit développer une logistique considérable. Trois liaisons aériennes et 300 autres par la route sont effectuées chaque jour pour assurer ce service. Et ceux-ci voyagent de plus en plus léger. Cette année, environ 6 milliards de lettres ont été expédiées en France, contre 18 milliards en 2008. Le passage à un courrier distribué moins rapidement permettra de limiter le nombre de liaisons. Le groupe va ainsi réduire de 25 % d’ici 2030 le bilan carbone de son activité postale, soit 60.000 tonnes de CO2 économisées par an.

Mais l’intérêt économique de cette réforme est tout aussi important, alors que l’activité distribution de l’entreprise a enregistré en 2021 un déficit de 1,3 milliard d’euros . Avec des liaisons moins nombreuses mais plus efficaces, La Poste compte économiser de 100 à 150 millions par an dès 2023, et plus par la suite. Cela l’aidera d’ici 4 ans à contenir à 400 millions d’euros le déficit de l’ensemble de ses missions de service public.

Les syndicats alertent toutefois sur le coût social de cette mesure. La réduction du nombre de liaisons et de tournées pourrait selon eux entraîner la perte de 15.000 à 20.000 emplois.

Cela risque-t-il d’aggraver la fracture numérique ?

Selon les syndicats, la disparition du timbre rouge et la réduction du nombre de tournées représentent une véritable atteinte à la mission de service publique de La Poste. Ceux-ci évoquent les personnes âgées et isolées pour lesquelles le lien quotidien avec leur facteur est précieux.

Ils soulignent aussi que, si la plupart des Français ont de plus en plus recours au numérique pour leurs tâches administratives, certaines personnes ne maîtrisent pas ces outils ou vivent encore dans des zones blanches, où l’accès à internet est limité. Pour ceux qui payent leurs factures ou remplissent des déclarations par courrier, ce serait donc une double peine : ils ne pourront pas utiliser le service « e-Lettre rouge » et tous leurs courriers prendront trois jours à être acheminés.

A ces inquiétudes, La Poste rappelle qu’il restera possible de remplir ses courriers prioritaires depuis un bureau de poste. Mais les opposants à la réforme rétorquent qu’il y a moins de bureaux de poste que de boîtes aux lettres jaunes, ce qui pénalisera les personnes à mobilité réduite voulant expédier du courrier. Une difficulté à laquelle l’entreprise compte répondre en proposant des rendez-vous avec un facteur à domicile.

Le secret de la correspondance sera-t-il garanti ?

C’est une règle immuable d’un service postal : le secret de la correspondance doit être garanti. Mais certains s’inquiètent pour ce droit, pourtant considéré comme une liberté fondamentale. En effet, si les correspondances rédigées en ligne ou sur une borne automatique seront transférées et mises sous pli automatiquement, les lettres manuscrites apportées au bureau de poste doivent être scannées manuellement par un employé. De quoi inquiéter les usagers qui expédient des documents sensibles ou très confidentiels, par exemple les avocats ou les médecins.

A ces critiques, La Poste répond que ses agents prêtent tous serment pour respecter le secret des correspondances et que la mise sous pli de ces courriers sera effectuée dans des zones sécurisées, par des employés spécialement qualifiés.

Quels timbres peut-on encore utiliser ?

Comme de nombreux Français, vous avez peut-être encore un carnet de timbres rouges au fond d’un tiroir. Si c’est le cas, sachez qu’ils seront toujours utilisables en 2023. Cependant, ils seront considérés par La Poste comme des timbres verts et vos courriers n’auront pas le statut de « lettre prioritaire ».

Le timbre gris (Ecopli) pour un envoi en 4 jours environ, va également disparaître, mais ceux achetés avant le 1er janvier restent eux aussi utilisables. Concernant les timbres verts, qui assurent la distribution du courrier en deux jours, ils seront toujours disponibles à la vente et utilisables, mais leur délai de distribution va passer à trois jours. Enfin les philatélistes peuvent se rassurer : les beaux timbres destinés aux collectionneurs ne disparaîtront pas.

Source : Rousset A. La fin du timbre rouge de La Poste en cinq questions. Les échos, publié le 30 décembre 2022

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