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Étiquetage, composition et allégations : les arômes sous surveillance

Biscuits, boissons, plats préparés… Les arômes sont présents dans bon nombre de denrées alimentaires de grande consommation. La DGCCRF a mené une enquête pour vérifier le respect de la réglementation qui impose de les indiquer dans la composition des produits et pour lutter contre d’éventuelles fraudes. 294 établissements ont ainsi été contrôlés et 136 produits ont été analysés en laboratoire.

Qu’est-ce qu’un arôme, un arôme naturel ?

Les arômes sont des ingrédients qu’on ajoute aux aliments pour leur donner ou changer leur goût et/ou leur odeur. Ils ne sont pas destinés à être consommés en l’état et peuvent notamment contenir des molécules comme la vanilline (substance qui donne le goût et l’odeur de la vanille) ou le menthol (substance qui apporte une sensation de fraîcheur), ou des extraits et huiles essentielles. Parfois, on ajoute aussi d’autres substances (additifs ou autres ingrédients) pour mieux mélanger ou diluer l’arôme. Les arômes disposent d’un cadre juridique harmonisé au niveau de l’Union européenne. Le règlement (CE) n°1334/2008, qui définit les arômes, fixe les conditions d’utilisation, les doses maximales autorisées et les règles d’étiquetage des arômes. Les règles d’étiquetage des arômes dans les aliments sont fixées par le règlement (UE) n°1169/2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires.

Les arômes peuvent être indiqués simplement comme « arôme(s) » ou avec une description plus précise (exemples : arôme fraise, extrait de vanille, huile essentielle de menthe). Une précision sur la naturalité de l’arôme peut également être apportée sous certaines conditions. Pour qu’un arôme soit qualifié de naturel, il doit être composé uniquement de substances aromatisantes naturelles ou de préparations aromatisants. Selon la nature de l’arôme naturel, plusieurs dénominations sont possibles :

  • « Arôme naturel de X » : au moins 95 % de la partie aromatisante de l’arôme vient de la source X (par exemple du citron pour un arôme naturel de citron).
  • « Arôme naturel de X avec autres arômes naturels » : la saveur principale est celle de X, mais moins de 95 % de la partie aromatisante provient de X.
  • « Arôme naturel » : la saveur ne correspond pas à la source utilisée pour produire l’arôme (par exemple, un arôme au goût de pomme dont les substances aromatisantes proviennent d’autres fruits).

Si ces conditions ne sont pas remplies, l’arôme ne peut pas porter le qualificatif « naturel ».

Des règles précises d’information du consommateur

L’enquête menée en 2023 avait pour but de vérifier la composition et l’étiquetage des arômes, de détecter d’éventuelles fraudes et de contrôler les produits aromatisés certifiés en agriculture biologique. Il s’agissait de vérifier la bonne application des règlements européens relatifs à l’information des consommateurs (INCO) et aux arômes et ingrédients à propriétés aromatisantes. Cette enquête incluait également le contrôle du règlement relatif à l’agriculture biologique, entré en vigueur le 1er janvier 2022, qui impose l’usage exclusif 
d’ « arômes naturels de X » dans les produits certifiés biologiques (par exemple, arôme naturel d’orange). L’enquête menée concernait 294 établissements.

L’enquête a d’abord concerné les secteurs utilisateurs d’arômes tels que la biscuiterie, la confiserie, les produits laitiers ou encore la brasserie, puis dans un second temps les fournisseurs et producteurs d’arômes.

Les principales irrégularités relevaient de l’absence de la mention de l’aromatisation dans la dénomination de vente des denrées aromatisées, ainsi que d’informations susceptibles d’induire le consommateur en erreur sur la nature des agents aromatisation utilisés.

Des mentions floues susceptibles d’induire les consommateurs en erreur

Des manquements ont été relevés dans près de 4 établissements sur 10 comme par exemple :

  • Un libellé de l’arôme ambigu : « arôme de raisin » qui aurait dû être libellé « arôme naturel de raisin » ou « arôme raisin » ;
  • Une dénomination du produit ne faisant pas référence à l’aromatisation : « Yaourt vanille » alors qu’il s’agit d’une fabrication à base d’arômes naturels de vanille et autres arômes naturels ;
  • Une utilisation d’aromates « alibis » : amande ajoutée en faible quantité complétée avec un ajout de concentré d’amande amère ;
  • Une ambiguïté de la dénomination traduite : « identical-natural » pour une substance aromatique typique d’un ingrédient pour « bubble tea » obtenue par voie de synthèse ;
  • Des mentions obligatoires absentes : absence des arômes dans la liste des ingrédients ; ordre des ingrédients non conforme.

Les différents types de manquements généralement constatés en laboratoire d’analyse

Les analyses réalisées en laboratoire ont permis de vérifier l’authenticité et la naturalité des arômes utilisés et le cas échéant la véracité des allégations les concernant. Plusieurs anomalies ont été relevées :

  • L’utilisation du terme « naturel » pour des arômes d’origine synthétique : « arôme naturel de noix de coco » contenant des composés synthétiques non annoncés sur la fiche technique et les documents commerciaux ; sirop de coquelicot mettant en avant l’origine des fleurs comme provenant de Nemours alors qu’il ne contenait qu’un arôme d’origine synthétique ;
  • Le non-respect du règlement européen relatif à l’étiquetage des produits biologiques : analyse de l’arôme de violette BIO présenté comme naturel mais dont les résultats étaient incompatibles avec une origine naturelle ; présence de vanilline de synthèse (substance qui donne le goût et l’odeur de la vanille) dans une limonade présentée comme BIO ;
  • La présence de substances interdites dans les arômes : colorant(caramel, dioxyde de titane), additifs (dioxyde de silicium, acide citrique et ascorbique) ;
  • Teneurs non respectées des substances dans la denrée : doses maximales des arômes non respectées ; « extrait de vanille concentré » avec une teneur en vanilline de 0,19 % alors que le taux annoncé était de 0,35-0,45 % ;
  • Dénomination du produit inadaptée : un produit annoncé comme une eau de rose se trouvait être constitué d’eau et d’arôme synthétique saveur rose, ce qui ne correspond pas à la définition d’une eau florale.

Noix de coco, mangue… des saveurs pas toujours transparentes

Parmi les flaveurs analysées, les flaveurs exotiques de fruits rouges, d’agrumes et de vanille ont représenté la majeure partie des échantillons. Ces flaveurs sont représentatives de l’offre du marché. Concernant les flaveurs exotiques (noix de coco et mangue), elles représentant 5 des 24 non-conformités, ces derniers sont annoncés comme naturels alors qu’ils ont été détectés comme étant d’origine synthétique.

Focus sur les boissons gazeuses

Un volet spécifique de l’enquête portait sur les limonades et autres boissons gazeuses aromatisées à base d’eau et visait notamment à détecter d’éventuelles fraudes et pratiques trompeuses. Ces contrôles ont représenté un total de 34 établissements. 9 d’entre eux étaient en anomalie.

Les non-conformités constatées étaient essentiellement :

  • Des manquements aux règles d’étiquetage ;
  • Des manquements relatifs à la traçabilité des produits alimentaires ;
  • Des manquements relatifs aux additifs et auxiliaires technologiques ;
  • Des pratiques commerciales trompeuses.

Au total 18 boissons dont 2 limonades ont été prélevées, et 14 se sont avérées non conformes. Les manquements relevés ont porté aussi bien sur des analyses que des défauts d’étiquetage. Parmi ces produits non conformes, une limonade annoncée uniquement avec du citron contenait des composés odoriférants exogènes au citron (vanilline), mettant en évidence une probable aromatisation non précisée.

Focus sur les produits issus de l’agriculture biologique

10 produits certifiés en agriculture biologique ont été contrôlés (2 extraits de vanille, 3 arômes, 2 boissons, 1 yaourt et des caramels aromatisés, un ensemble de thés et d’infusions) dont 7 produits analysés en laboratoire. 4 ont été retenus conformes compte-tenu des essais ou recherches effectués, et 3 ont été considérés comme non conformes suites aux analyses ou à des défauts d’étiquetage. Parmi eux, un échantillon est revenu à surveiller. L’ensemble des manquements relevés ont donné lieu à la rédaction de 3 avertissements. Les non-conformités constatées concernaient des manquements aux règles d’étiquetage ou mentions obligatoires, et aux dénominations des arômes utilisés. Par exemple, l’étiquetage d’un extrait de vanille bio de Madagascar omettait la présence d’eau et la catégorisation de la glycérine en tant qu’additif dans la liste des ingrédients, ainsi que d’autres mentions obligatoires comme l’adresse de la société.

Des suites allant des avertissements aux procès-verbaux

Au total, sur les 294 établissements inspectés, près d’un sur cinq était en infraction, conduisant à la rédaction de 49 injonctions de mise en conformité ainsi que 10 procès-verbaux pénaux. Soixante établissements ont par ailleurs fait l’objet d’un courrier d’avertissement pour leur rappeler la réglementation s’imposant à leur activité.

Sur les 136 échantillons ont été prélevés, dont 31 ont été déclarés non conformes, représentant un taux d’anomalie de 23 %.

La plupart des professionnels ont corrigé leurs manquements, souvent dus à des négligences ou une connaissance partielle de la réglementation de la part des opérateurs. 

Source : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes [DGCCRF], rédigé le 01 septembre 2025

Pour en savoir plus :

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