Les Français sont contaminés au cadmium, selon les organisations de médecins. Ils alertent le gouvernement sur la trop forte teneur en cadmium de certains aliments, notamment les céréales, en raison de l’utilisation de ce métal dans les engrais phosphatés. Ce qui pose un réel problème de santé publique.
Après les polluants éternels et les pesticides, un nouvel élément vient mettre en danger la santé des Français. Les Unions régionales des professionnels de santé-Médecins libéraux (URPS) et leur structure nationale ont alerté le gouvernement sur une contamination massive des Français au cadmium, un produit chimique issu des engrais phosphatés utilisés en agriculture. Les médecins libéraux constatent « une explosion de la contamination des jeunes enfants« , notamment parce que le cadmium se retrouve dans des aliments comme les céréales du petit déjeuner, les pains et leurs dérivés ou encore les pommes de terre.
Les organisations de médecins ont adressé au Premier ministre et aux ministres de la Santé et de l’Agriculture une lettre pour leur exprimer leur « grande inquiétude devant la contamination des Français, particulièrement des femmes et des enfants, au cadmium« . Les études nationales de santé publique réalisées en 2006, puis en 2014-2016 ont montré que la contamination moyenne des Français avait doublé sur la période, passée de 0,29μg/g à 0,57μg/g. Et l’URPS s’inquiète du fait que la contamination des enfants français est quatre fois supérieure à celle des enfants aux Etats-Unis ou encore des enfants allemands.
« L’un des plus grands toxiques »
Pour les médecins, plus de 16 000 articles scientifiques démontrent que le cadmium s’accumule dans l’organisme au fil des années et qu’il s’agit de « l’un des plus grands toxiques existant« . Des études ont montré un risque accru de pathologies cardiovasculaires, de mortalité par cancer et de mortalité globale en lien avec la contamination au cadmium. Selon Santé publique France, il pourrait exister un lien entre la contamination au cadmium et la flambée du cancer du pancréas. L’URPS a interpelé le gouvernement pour lui demander si une diminution de la dose maximale autorisée de cadmium à 20 milligrammes par kilogramme d’engrais phosphaté avait bien été mise en place, comme le préconise l’Anses dans son rapport 2021.
« Les enfants ont des taux déjà absolument astronomiques, souligne Pierre Souvet, un cardiologue président de l’Association Santé environnement France (ASEF) et membre du groupe de travail santé environnementale de la Conférence nationale des URPS-Médecins libéraux. Les femmes sont plus contaminées que les hommes, notamment parce qu’un quart d’entre elles ont des carences en fer. » Il explique qu’en cas de carence en fer, l’absorption intestinale du cadmium peut être multipliée par quatre.
Privilégier l’alimentation bio
Les autres populations les plus à risques sont les fumeurs, car la cigarette contient du cadmium, ainsi que les personnes exposées aux rejets d’activités industrielles comme la métallurgie, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). L’Anses prévoit justement de publier en fin d’année ses travaux en cours visant à évaluer l’exposition humaine au cadmium, afin de définir « des leviers d’action pour réduire l’imprégnation de la population française« . L’URPS, qui va distribuer des documents d’information dans des cabinets médicaux, milite pour la mise en place de stratégies de dépistage des pathologies chez les personnes les plus à risque.
Pour réduire cette contamination, « il faut privilégier l’alimentation bio. C’est un appel aux autorités, il ne faut pas assommer cette filière« , estime le docteur Pierre Souvet. Les médecins ont exhorté l’exécutif à « soutenir très fermement l’alimentation biologique, notamment dans les écoles« . Selon les médecins, la contamination au cadmium est inférieure de 48% en moyenne dans les aliments bio. En mai, le ministère de l’Agriculture a annoncé amputer de 15 millions d’euros le budget de l’Agence Bio, qui promeut le secteur, plongeant dans l’incertitude une filière déjà mise à mal par le recul de la consommation de produits bio après un bond pendant la pandémie de Covid-19. ■
Source : Novethic, publié le 06 juin 2025
Pour en savoir plus :
- Cadmium : tout comprendre à cette « bombe sanitaire » en 1’30 – Novethik, publié le 25 juin 2025
- Qu’est-ce que le cadmium et comment réduire son exposition ? – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail [ANSES], publié le 04 décembre 2023