La table Ciqual, qui fait référence sur la composition nutritionnelle des aliments en France, vient d’être mise à jour. Laure Du Chaffaut et Marine Oseredczuk, chargées de la table Ciqual à l’Anses, nous présentent les principales nouveautés et les coulisses de cette actualisation d’envergure.
Rappelez-nous rapidement ce qu’est la table Ciqual.
Laure Du Chaffaut : La table Ciqual renseigne sur la composition nutritionnelle de milliers d’aliments, 3 484 exactement, ce qui en fait l’une des plus complètes en Europe. Elle couvre les aliments bruts ou transformés les plus consommés en France. On y trouve, par exemple, la composition moyenne d’un yaourt aux fruits, d’une tomate ou encore de frites.
Gérée par l’Anses, la table Ciqual est en libre accès et sert au quotidien à de nombreux utilisateurs dont :
- les diététiciens et nutritionnistes, pour établir des régimes adaptés, par exemple pour orienter les personnes souffrant d’anémie vers des aliments riches en fer ;
- les industriels de l’agroalimentaire, pour élaborer l’étiquetage nutritionnel de leurs produits ;
- les particuliers ayant des carences ou des régimes spécifiques à suivre.
Qu’entend-on par “composition nutritionnelle des aliments” ?
Marine Oseredczuk : Il s’agit de la teneur de chaque aliment en nutriments, à savoir les lipides, acides gras, glucides, sucres totaux et individuels, protéines, sel, vitamines et minéraux. Ces informations permettent de connaître la valeur nutritionnelle des aliments les plus consommés au quotidien.
Vous venez d’effectuer une mise à jour majeure des données de la table Ciqual. Quelles en sont les principales nouveautés ?
Marine Oseredczuk : La dernière actualisation remontait à 2020. Depuis, nous avons collecté de nouvelles données qui nous ont permis de mettre à jour les informations pour de nombreux aliments mais aussi d’ajouter 300 aliments supplémentaires, parmi lesquels le chou kale, la sauce teriyaki ou encore les graines de courge. Ces ajouts reflètent l’évolution des habitudes de consommation alimentaires et la diversité des aliments disponibles en France.
Les principales mises à jour des informations nutritionnelles concernent les céréales de petit déjeuner, fromages, produits laitiers et desserts frais, biscuits et gâteaux, produits complets, pains et viennoiseries, boissons chaudes et charcuteries. Nous avons également intégré sept nouveaux constituants vitaminiques. Par exemple, pour la vitamine B9, on distingue désormais deux formes : l’acide folique ajouté lors de l’enrichissement des aliments et les folates qui se trouvent naturellement dans les aliments.
La table Ciqual compte désormais 3 484 aliments et 74 constituants. Cette actualisation reflète mieux la diversité des aliments disponibles en France.
Nous avons aussi enrichi la documentation en ligne pour assurer une plus grande transparence sur la méthodologie de production des données, ce qui est un vrai plus pour les utilisateurs avertis.
Comment avez-vous obtenu ces nouvelles données ?
Laure Du Chaffaut : Une grande partie des données provient d’analyses réalisées sur des échantillons d’aliments choisis en fonction des habitudes de consommation de la population française. Ces prélèvements et analyses sont réalisés selon des méthodes reconnues, en partenariat avec un laboratoire sélectionné selon une procédure rigoureuse. Ce travail garantit la robustesse des données.
Les autres données proviennent principalement de l’observatoire de l’alimentation, l’Oqali, qui suit l’offre alimentaire pour les produits transformés.
Au total, plus de 113 000 nouvelles données de qualité ont été intégrées. Il s’agit d’une mise à jour massive et particulièrement robuste.
Comment ces données sont-elles utilisées ?
Marine Oseredczuk : Ces données sont très utiles pour connaître les apports nutritionnels de la population française, en les combinant aux enquêtes de consommation, comme Albane par exemple.
Certaines des évaluations de risque sanitaire réalisées par l’Anses se basent également sur les données de la table Ciqual. A titre d’exemple, des travaux sont actuellement en cours pour évaluer la part de la population dont les apports nutritionnels sont éloignés des besoins.
Source : Vie publique, publié le 19 novembre 2025
