Toxiques pour l’homme, ces polluants contaminent tous les milieux. Les autorités sanitaires recommandent de mieux les surveiller. Il y a urgence.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a dévoilé ce mercredi 3 décembre 2025 les résultats d’une vaste campagne de mesures de PFAS dans l’eau potable, réalisées dans tout le pays. Résultat : la contamination de l’eau potable par ces polluants éternels est quasi généralisée. Sur les 35 PFAS recherchés, 19 ont été détectés dans les échantillons d’eau du robinet. Et en particulier le TFA (acide trifluoroacétique), soupçonné d’être toxique pour la santé et retrouvé dans 92 % des prélèvements !
Parmi les milliers de composés PFAS, seule une poignée sont aujourd’hui documentés et recherchés : vingt seront sous surveillance obligatoire, à partir de janvier 2026, dans l’eau du robinet et quatre le sont déjà dans certains aliments (œufs, produits carnés, produits de la pêche).
La pollution aux PFAS, utilisés dans de nombreux produits de consommation et procédés industriels, ne peut plus être ignorée. Combinée à leur caractère très persistant, elle touche l’eau, l’air, les sols ou encore les sédiments. Pour le reste, c’est l’inconnu ou presque. Et ce, malgré leurs potentiels effets sanitaires : augmentation du taux de cholestérol, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, cancers, etc.
Un état des lieux sans échéances ni sanctions
En octobre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation avait publié un premier état des lieux des données disponibles sur la contamination de 247 PFAS, en France, dans divers compartiments (eaux, air, poussières, sols…), aliments, cosmétiques, textiles, etc.
Résultat : une série de recommandations pour que les pouvoirs publics et entreprises émettrices de PFAS « adaptent leurs stratégies de surveillance ». Quand et comment ? Ni échéances ni sanctions ne sont envisagées. Sachant que ces dernières sont du ressort de l’État.
L’affaire « Cristal Union »
En attendant, une nouvelle « affaire PFAS », révélée par le média indépendant Disclose en octobre dernier, concerne cette fois Cristal Union, qui produit du sucre – sous la marque Daddy – et divers dérivés de la betterave (alcool, bioéthanol, pulpes, etc.). Les eaux usées sortant de son usine de Villette-sur-Aube sont épandues sur quelque 22 000 hectares de champs de betteraves ; les résidus issus de ce légume sont, quant à eux, revendus – telle la mélasse aux fabricants d’aliments pour animaux.
Or ces eaux usées et résidus contiennent des PFAS qui, via ces cycles de récupération, contaminent notamment l’alimentation animale… sans que les éleveurs locaux, clients de Cristal Union, n’en aient été informés. On a ici affaire à une diffusion de PFAS à l’échelle industrielle, à l’insu des utilisateurs secondaires et, en bout de chaîne, des consommateurs. Un scandale de plus.
Source : 60 millions de consommateurs, publié le 03 décembre 2025
Pour en savoir plus : PFAS : les résultats de la campagne nationale de mesure dans l’eau destinée à la consommation – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail [ANSES], publié le 03 décembre 2025
