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Le DPE correspond-il réellement à la consommation énergétique du logement ?

En cas de vente ou de location, les propriétaires doivent obligatoirement réaliser un DPE (diagnostic de performance énergétique). Mais, une étude pointe ses limites par rapport à la consommation réelle d’énergie.

DPE : d’importantes différences entre consommation théorique et consommation réelle

Le conseil d’analyse économique (CAE) a ainsi analysé les dépenses énergétiques anonymisées de près de 180 000 clients du Crédit Mutuel. Seules les adresses ont été utilisées pour les comparer à la base de données publiques sur les diagnostics de performance énergétique.

Résultat : si la consommation réelle varie bien selon la performance énergétique des logements, la différence est moins élevée que la consommation théorique du DPE. À titre d’exemple, selon le DPE, la consommation d’énergie théorique d’un logement classé G est supérieure de 560 % à celle d’un logement classé A ou B. Or, selon les auteurs de cette étude, la consommation réelle n’augmente « que » de 86 % entre les logements les plus énergivores et les plus écologiques.

De plus, elle « s’estompe pour les plus grands logements », soulignent les auteurs de cette étude. Ainsi, pour les logements de 80 à 100 m² de surface, la différence entre la classe A ou B et la classe G est de 33 %, indique cette étude.

Bon à savoir : selon une enquête de l’UFC-Que Choisir parue en septembre 2022, il peut y avoir jusqu’à 3 classes d’écart pour un même logement.

Comment expliquer cet écart ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette différence, selon les auteurs de l’étude. D’abord parce que le DPE « fait l’hypothèse que la demande de confort thermique est fixe », soit 28°C en été et 19°C en hiver. Or, les habitants peuvent avoir tendance « à ajuster » le thermomètre en fonction de leurs ressentis et de leurs finances. D’après les résultats de cette étude, les occupants d’un logement très performant vont avoir tendance à consommer plus que la consommation théorique. A contrario, dans une passoire thermique, les occupants vont limiter leur consommation.

De plus, le diagnostic de performance énergétique peut « modéliser imparfaitement la performance » du logement, avancent-ils. Le modèle 3CL qui permet de calculer la consommation énergétique au m² est notamment estimé en fonction de la performance conventionnelle attribuée aux équipements et au bâti. « En raison de malfaçon technique », le résultat peut être « surestimé », écrivent les auteurs. En outre, en raison « d’une trop grande subjectivité dans l’appréciation des paramètres », « le DPE est manipulable » déplorent-ils. Les différentes phases de rénovation peuvent d’ailleurs rendre le calcul difficile.

Le DPE doit être un meilleur indicateur

Les auteurs de l’étude incitent donc à chercher des pistes d’homogénéisation et d’amélioration pour permettre au DPE d’être un meilleur indicateur de la qualité énergétique des habitations.

Par ailleurs, ils notent l’importance d’inciter les Français, y compris ceux qui vivent dans les logements les moins énergivores, à avoir des comportements plus sobres. Car « si la rénovation permet d’améliorer la qualité énergétique des bâtiments, la réduction des émissions de gaz à effet de serre dépend étroitement de la façon dont les ménages ajustent leur consommation à la suite des rénovations », soulignent-ils.

Source : demarchesadministratives.fr, publié le 03 février 2024

Pour en savoir plus : Performance énergétique du logement et consommation d’énergie : les enseignements des données bancaires – Conseil d’analyse économique (CAE), publié le 10 janvier 2024

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