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Électricité verte : ce que cachent les offres des fournisseurs

Les clients ont aujourd’hui un choix bien plus vaste en offres d’électricité verte. Mais elles sont plus ou moins écolos. Explications.

Tous les fournisseurs d’énergie ou presque proposent aujourd’hui au moins une offre d’électricité verte. Plusieurs n’ont même que du vert. C’est le cas de fournisseurs qui se sont lancés uniquement sur ce créneau, comme Enercoop, Ekwateur, Ilek ou, plus récemment, Octopus (après le rachat de Plüm) et La Bellenergie (après le rachat d’Électricité de Provence). Mais c’est également vrai pour Engie qui est entièrement passé au vert pour ses offres d’électricité.

Qu’entend-on par une offre d’électricité verte ? Il s’agit d’une offre qui garantit au client que l’équivalent de sa consommation a été produit à partir d’énergies renouvelables. En France, il s’agit principalement de barrages hydrauliques (12 % de l’électricité produite), d’éoliennes (10 %) et de panneaux solaires (4,3 %). Elle représente moins de 30 % du total, 65 % provenant des centrales nucléaires et 6 % des centrales à gaz (source RTE, Bilan électrique 2023).

Impossible de trier les électrons 

Une première illusion doit être dissipée : le client avec une offre verte ne consomme pas nécessairement de l’électricité verte. Dans le réseau, les électrons vont au plus proche entre le lieu de production et de consommation. Aussi, si vous habitez à côté d’un parc solaire ou éolien, il y a de fortes chances que votre électricité soit verte, au moins en partie. Sinon, vous consommerez plutôt de l’électricité grise. Il n’est en effet pas possible de faire le tri dans les électrons. 


À défaut de pouvoir la consommer directement, au moins a-t-on l’assurance que l’équivalent de sa consommation a bien été produit à partir d’énergies renouvelables ? Cette assurance est fournie par le mécanisme des Garanties d’origine (GO). Le dispositif permet de tracer l’électricité verte avec des certificats donnés aux producteurs pour les kWh qu’ils injectent dans le réseau. Les fournisseurs qui proposent des offres vertes doivent acheter des GO pour couvrir l’équivalent de la consommation de leurs clients. Il y a donc une vraie traçabilité et les clients peuvent vérifier où est réalisée la production correspondant à leur consommation.


Si c’est en France, les fournisseurs le font généralement savoir. Ils sont plus discrets lorsqu’ils achètent des GO en Europe. Heureusement, l’information est facilement accessible sur e comparateur du médiateur de l’énergie, en passant la souris sur la barre « électricité 100 % verte » dans la case de l’offre ou dans l’onglet Détails. Exemple : pour son offre « 100 % renouvelable à prix fixe », Ekwateur achète 43 % de GO en France et 57 % dans d’autres pays européens. Le comparateur détaille aussi le type d’énergie, soit pour cette même offre, 46 % d’hydraulique, 36 % d’éolien et 18 % de solaire.

 Des garanties… sans l’électricité associée 

Le mécanisme des GO n’en est pas moins fortement critiqué. De nombreux fournisseurs se contentent, en effet, d’acheter les GO et pas l’électricité associée. Leur soutien à la production renouvelable est donc limité. Surtout si les GO sont abondantes et donc peu chères à l’achat, comme cela a été longtemps le cas. L’achat des GO fournit seulement un complément de revenus aux producteurs renouvelables. 

Quelques offres reposent sur l’achat concomitant des GO et de l’électricité. L’Agence de la transition écologique (Ademe) a voulu faciliter leur repérage en lançant, fin 2021, le label VertVolt. Il se concentre sur la France avec un premier niveau appelé « VertVolt Engagé », qui garantit que le fournisseur a acheté des GO et de l’électricité produite dans l’Hexagone. Huit offres l’affichaient lors de notre étude. 

Quelques autres sont « VertVolt Très engagé ». Dans ce cas, le fournisseur achète les GO et l’électricité associée avec un minimum de 25 % provenant d’installations qui sont sous gouvernance partagée (collectivités locales, projets citoyens…) ou qui ont été mises en place sans soutien public. L’idée est de soutenir le développement de nouveaux projets d’énergies renouvelables.

De l’électricité verte produite avec du vieil or bleu

Le client qui souscrit une offre verte peut, en effet, vouloir favoriser leur développement. Il soutient souvent des installations bien amorties. Engie, par exemple, propose une option Elec Vert+ (facturée 3 € TTC/mois) pour « favoriser le développement des énergies renouvelables ». Elle garantit bien « l’achat de l’électricité et des GO directement à des productions installées en France ».

Mais si l’on clique pour en savoir plus, on découvre quelques éoliennes ainsi que des barrages associés à des usines « centenaires » ou « plus que centenaires » dans les Hautes-Pyrénées, « mises en service en 1927 » dans le Cantal ou encore dotées « d’éléments décoratifs des années 1920 » dans les Pyrénées-Atlantiques. Sans doute très beau et renouvelable, mais pas très nouveau ! 

À la recherche d’une offre verte, le client retiendra qu’elles sont nombreuses, mais très diverses. Le label VertVolt constitue une aide pour faire son choix. Mais nous appelons de nos vœux un grand débat sur le contenu des offres revendiquant le qualificatif « vert ».

Source : 60 millions de consommateurs, publié le 30 mai 2024

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